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Sebastien Leroy : Musée/Centre d'art du verre, Carmaux, 2014
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BIOTOPES, LE VERRE ENTRE TERRE ET MER
4/4/2015-15/10/2015
DES CRÉATIONS RÉALISÉES À L’ATELIER DU MUSÉE/CENTRE D’ART DU VERRE
Rassemblant pour la première fois des oeuvres exclusivement réalisées dans l’atelier du Musée/Centre d’art, cette exposition propose un regard original sur la nature d’où le verre est issu. 16 installations seront présentées dans cette exposition : les artistes y interrogent les formes de vie naturelles, qu’elles soient subaquatiques ou végétales, à travers des petits espaces à observer ou encore des sculptures plus monumentales, dans un dialogue constant entre formes et transparence.
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Posted 3 March 2015
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3 ARTISTES AUX PARCOURS DIFFÉRENTS :
Angeline Dissoubray est souffleuse de verre. Elle a découvert le monde du verre à l’âge de 6 ans. Après avoir perfectionné sa formation auprès d’artistes de renom au Danemark, en Norvège, en passant par Vierzon, Nantes ou Marseille, elle a entamé une série d’expériences autour de la notion de souffle et de respiration, inspirée par les lignes, le volume. Son univers se situe au croisement du verre soufflé, de l’organique et du végétal, avec un travail méticuleux sur les plantes carnivores.
Thibault Lafleuriel a également beaucoup voyagé pour parfaire sa formation de souffleur de verre, de son Alsace natale au CIRVA de Marseille en passant par différents ateliers du Larzac, de Bretagne ou de Meisenthal. « J’ai toujours rêvé d’être un scientifique » aime-t-il à dire, et ses créations s’en font l’écho : velleles, méduses, radiolaires... il explore la richesse des formes de vie sous-marines, jouant sur l’incroyable créativité, la transparence et la légéreté de cet univers aquatique. Une invitation au voyage, mêlant peur et fascination.
Sébastien Leroy est plasticien, photographe et vidéaste. Invité en résidence conjointement par les Abattoirs-FRAC Midi-Pyrénées et le Musée/Centre d’art du verre, il a axé son travail sur le vignoble de Gaillac : en véritable ethnologue, Sébastien Leroy s’est interrogé sur la culture viticole, partant à la rencontre des vignerons. Il nous donne sa vision et parfois son regard critique sur les différents savoir-faire du vin, les pratiques, les croyances de chacun, à travers une installation qui va de la terre au verre.
Une exposition conçue comme une exploration du vivant, une invitation à la rêverie, un moment suspendu dans le temps et l’espace.
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Thibault Lafleuriel et Angeline Dissoubray : La Clinique -2014- Musée/Centre d'art du verre Carmaux
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Parce que seul le mouvement doit répondre à l’inertie, parce que ce qui ne bouge plus est le contraire de la vie, nous avons voulu un musée vivant pour un territoire en mouvement. «Un musée vivant» est d’ailleurs le slogan que nous avons choisi pour les nouveaux supports de communication du musée. Un message fort, affirmatif, car ici nous évoquons certes l’histoire mais en marchant vers l’avenir. Il est certain que de marcher en ayant la tête vissée vers l’arrière est le meilleur moyen de tomber. Alors c’est bien devant que nous regardons.
Le musée/centre d’art du verre est plus qu’un lieu de mémoire car ici on souffle le verre, on cueille dans les bassins des fours, on étire la matière, on donne forme à l’émancipation de l’esprit. Les artistes reçus tous les ans en résidence pour réaliser des créations singulières, en sont les maîtres, nous en sommes les garants. À l’heure où j’écris ces mots, en ce moment même, des œuvres sont en gestation dans les entrailles de l’atelier verrier. Car depuis maintenant 10 ans la Communauté de communes du Carmausin-Ségala (gestionnaire du lieu) a œuvré pour que ce territoire se constitue un patrimoine contemporain. Oui un patrimoine contemporain, ce n’est pas antinomique, c’est ici et maintenant, et non pas ailleurs ou après.
Et c’est bien un extraordinaire élan de vie et d’envie qui nous permet aujourd’hui de présenter pour la première fois au public une exposition avec des œuvres exclusivement réalisées dans notre atelier. Nous pouvons en être fiers. Heureux hasard, ou peut-être pas tout à fait, c’est la vie qui est au cœur de l’exposition 2015 : «Biotopes, le verre entre terre et mer...».
La terre, avec les œuvres originales d’Angeline Dissoubray, qui nous propose une découverte du monde végétal avec des plantes carnivores plus familières que menaçantes. Toujours la terre avec les installations de Sébastien Leroy, issues du travail en résidence à l’occasion du
Et la mer, avec Thibault Lafleuriel dont les créations nous plongent dans les océans, source de toutes vies sur terre. Une exploration du vivant, comme autant d’espaces à observer, une invitation à une rêverie onirique et à une réflexion sur l’avenir de la planète, un moment suspendu dans le temps et l’espace.
Dans le même temps 5 créateurs seront reçus en résidence, 3 plasticiens autour du thème de la mémoire et 2 créateurs verriers.
À cela nous ajoutons une programmation culturelle éclectique qui proposera spectacle, ciné-concert, concerts et conférences tout au long de l’année en collaboration avec les associations culturelles locales, une façon originale de découvrir le musée autrement.
Enfin, je rappelle qu’en 2015, le verre déclarera une nouvelle fois sa flamme au territoire avec la 7ème Biennale des verriers, le premier week-end d’octobre. Une déclaration d’amour réciproque du public avec plus de 9 000 visiteurs lors de la dernière édition. Nous mettrons tout en œuvre pour répondre à nouveau à cet incroyable défi.
Oui plus que jamais, le second souffle des verriers étreint le Carmausin-Ségala. Un élan de vie, d’imagination, de création animent à présent plus qu’un musée mais tout un territoire.
Didier SOMEN, Président de la Communauté de communes , Carmausin-Ségala
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La nature et le verre, ou la possibilité d’un inachèvement perpétuel…
Pour sa fabrication le verre requiert des minéraux et des végétaux, il demande du feu pour prendre vie, il peut faire appel à l’eau à maintes reprises lors de sa transformation, enfin il invoque l’air par le souffle de son créateur, celui du verrier ou de la machine quand il se veut creux. Ainsi les quatre éléments doivent être convoqués par celle ou celui qui voudra utiliser le verre. Pour que cela fonctionne, il faudra que ce créateur potentiel avance avec humilité, cherchant davantage à comprendre les éléments naturels plutôt qu’à vouloir les dompter, au risque de s’y bruler les ailes.
L’eau, l’air, la terre et le feu, les quatre éléments constitutifs de la vie telle que nous la connaissons, participent de ce va-et-vient, qui tel le mouvement d’un piston, conduit l’art du matériel à l’immatériel et réciproquement. À ce titre, la remise en question picturale à l’œuvre au cours des XIX° et XX° siècles, de Turner jusqu’aux impressionnistes, s’opère au travers de l’étude de ces éléments mouvants que constituent l’eau, l’air, les végétaux. Considérations toujours opérantes au XXI° siècle et certainement encore pour ceux à venir.
Le médium verre appartient à cette catégorie de matière alchimique que l’Homme aura pris soin de créer et de faire évoluer au fil des siècles. Néanmoins toujours proche de la nature que cela fût au cœur des Verreries forestières, qui jusqu’au XVII° siècle ont eu le monopole de la production verrière, jusqu’à l’avènement des panneaux solaires photovoltaïques aux XX° et XXI° siècles, le verre ne se décolle pas de sa genèse originelle. C’est donc très naturellement, si je puis dire, que l’idée de l’exposition « Biotopes » a germé, saisissant au vol la concomitance de trois projets d’artistes invités en résidence à Carmaux. C’est ainsi qu’Angeline Dissoubray, Thibault Lafleuriel et Sébastien Leroy, évoquent sous un angle différent le rapport de l’Homme, et par extension de l’art, à la nature, son influence sur les environnements, les biotopes, et son interprétation du vivant avec pour prise prismatique le verre incolore ou chromatique.
Il est ici question de la vie, du mouvement, en opposition à l’inertie imposée par la mort, il est question de matière, qu’elle soit organique ou minérale. Si la différence entre l’art et la nature a été posée par Kandinsky sous forme d’opposition entre le mouvement continu et effectif de la nature à l’immobilité et au calme de la peinture représentée par le « point », il n’en reste pas moins que leur rencontre constitue un spectacle magnifique. Les pastels de Boudin et les impressions soleil levant de Monet en sont les plus beaux témoignages. Toutefois, nous pouvons considérer qu’à la différence de l’art strictement pictural tel que défini par Kandinsky, la nature même du verre appelle par essence le mouvement. En effet sa composition physico-chimique s’apparente étrangement à celle d’un liquide, désorganisée, chaotique, elle appelle la mobilité, l’impulsion, le déplacement. Sa manipulation demande une maitrise parfaite des lois de la gravité, la matière est irrémédiablement attirée par le sol, seul le geste en rotation continue de la canne du verrier permet de la maintenir entre «les mains» de son créateur. Le verre s’échappe.
Voilà, peut-être l’une des pistes qui explique pourquoi les artistes s’intéressent de nouveau intensément, voire « fusionnellement » à cette matière aussi insaisissable que la Nature.
La présence de la Nature dans l’art occidental des XIX° et XX° siècles a pris de multiples formes plastiques, esthétiques et symboliques. De l’usage des formes et des couleurs, dans l’Art nouveau, au prélèvement des matériaux naturels chez les surréalistes, jusqu’à l’insertion de l’art en milieu naturel avec le Land art, les approches sont multiples.
La représentation de la Nature, et plus particulièrement du monde végétal, sera portée très largement au-delà de la notion relativement pauvre de « décor », et de l’objet dit décoratif au sens commun du terme, par Émile Gallé notamment, l’homo triplex (ébéniste, verrier, céramiste) :
« Cependant la passe la plus dangereuse – quotidienne celle-là – reste les rapports du support et du décor, ou si l’on préfère, de la structure et de l’ornementation. Gallé en connait les pièges, il prend des risques, il en juge à la fois comme ses contemporains et différemment d’eux. Distinguer l’objet « d’un usage normal » de celui qui est appelé « à jouer un rôle important dans la décoration d’un appartement », n’est-ce pas finalement « appliquer » un ornement dont on espère qu’il fera oublier la laideur de forme de nombre d’ustensiles à bon marché ? Le décor devient alors tremplin du rêve, tapis volant de l’utilisateur, qui passera de la fleur sur le vase au jardin imaginaire. La qualité pour elle-même paraît ne pas exister comme fin. Le choix est moins d’ordre esthétique qu’éthique, il reflète une époque et un créateur qui se réclament volontiers de « l’Idéal »1.
L’Art symboliste et l’Art nouveau chargeront le motif végétal d’une puissance symbolique qui conduira l’objet d’art au-delà de lui-même en devenant objet de l’art par analogie à l’objet même de la vie : l’œuvre comme genèse, mouvement, énergie et libérée des seules connaissances rationnelles. L’organicisme russe participera de ce mouvement qui consista à percevoir l’art, et les matériaux utilisés par l’artiste autant que son intention et son geste, comme un prolongement de la Nature.
En 1914, à l’occasion d’une exposition de rameaux et de racines d’arbres de Mikhaïl Matiouchine à Paris : « La croissance et le développement de l’objet, disait alors Filonov [Pavel], doivent se produire atome par atome aussi régulièrement et organiquement que la croissance naturelle »2.
Le début du XX° siècle sera également marqué par des mouvements contradictoires faisant l’apologie de la machine et de l’artifice, dans la perspective du futurisme italien et du constructivisme russe.
En littérature le réalisme et sa suite logique, le naturalisme, Émile Zola en tête de proue, marqueront l’introduction dans les romans de méthodes empruntées aux sciences humaines et sociales, ainsi que des considérations militantes d’ordre politique.
Nous retrouvons encore aujourd’hui, dans la création contemporaine, les prolongements réticulaires de ces différents mouvements.
Aussi, la projection du vivant dans l’art ou de l’art dans le vivant, articulée par le médium verre, proposée dans le cadre de « Biotopes », s’apparente à une vision symboliste teintée de mysticisme pour les œuvres de Thibault Lafleuriel, en opposition à une vision néoréaliste altermondialiste présentée par Sébastien Leroy. L’un utilisant le plancton, le presque invisible, et par extension l’eau comme symbole de la vie et de la création, l’autre disséquant avec une précision quasi chirurgicale, les processus de transformation des productions viticoles contemporaines, son contexte socio-économique et son impact sur le milieu vivant que constituent le sol des vignes et nos panses. Les œuvres d’Angeline Dissoubray se situant entre les deux, où de réelles plantes carnivores expérimentent le verre comme lieu possible d’habitat, tout en intégrant en quelque sorte un processus inversé du mouvement
« Art nouveau », lorsque le verre devient soudainement le motif décoratif d’un monde végétal en expansion, bien vivant, qui le colonise au cœur de ces petits espaces à observer.
Si tant est que les formes s’achèvent mais les matières jamais, pour paraphraser Gaston Bachelard, les trois artistes invités ont tenté de rendre au verre et à la Nature leur possibilité originelle d’inachèvement.
Le verre peut être refondu à l’infini, les publicités sur le tri sélectif nous le rappellent aisément, alors on pourrait se demander s’il ne gardait pas en lui le souvenir de ses formes et de ses usages antérieurs. À l’image de la Nature, qui enregistre les données de l’expérience du vivant de chaque espèce afin de les faire évoluer génétiquement au fil des millénaires en fonction de leur biotope, pour les rendre toujours plus adaptées. Un mouvement de vie long, comptant pour plusieurs vies d’Homme et perpétuellement inachevé.
À l’heure où tout se consomme et se jette aussitôt, le verre se joue peut-être de nous en ayant plus de sept vies. Le vivant, lui, ne saurait suivre ce rythme consumériste effréné, il ne peut intégrer cette temporalité, il se trouve pourtant en être victime. Gageons tout de même qu’il retombera sur ses pattes ad vitam æternam, tel un
« verre » que nous utiliserions sans pour autant en connaitre les innombrables vies antérieures.
Ainsi la nature comme le verre, verrait passer les Hommes, les laissant croire en leur domination mais en gardant pour elle le secret sauvage de son inachèvement perpétuel. Sa possibilité de s’échapper.
« Biotopes, le verre entre terre et mer » explore les capacités plastiques du vivant végétal et subaquatique à réinventer ses formes et ses couleurs, comme autant d’éléments de contemplation.
« Biotopes » s’attache également à mettre en relief la propension de la Nature à résister, à tenir la vie.
Une intention autant qu’une attention à notre « terre-mère », porteuse, malgré nous, de nos rêves indéfinis.
À Carmaux, le 17 décembre 2014
Laurent SUBRA, commissaire de l’exposition, directeur du Musée/Centre d’art du verre
« Les formes s’achèvent. Les matières, jamais. La matière est le schème des rêves indéfinis »
Gaston Bachelard
1. F.-Th Charpentier cité in Émile Gallé, Écrits pour l’art, Paris, Éditions Jeanne Laffitte, réédition de 1998, préface
2. Cité in J.-C. Marcadé, le Futurisme russe, Paris, Éditions Dessain & Tolra, 1989, p.80
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Angeline Dissoubray vient de Lorraine. Le verre la suit depuis son enfance. Une expérience marquante lorsque elle avait 6 ans, en voyant une démonstration, a déterminé son parcours par la suite.
Elle s’est d’abord orientée vers la céramique avec un brevet de technicien dessinateur en art appliqué mais est rapidement revenue au verre. Elle a également beaucoup voyagé pour apprendre des artistes et artisans : Ned Cantrell et Tobias Möhl au Danemark, Vidar Koksvik en Norvège, le CIRVA de Marseille, Satoshi Okamoto à Vierzon, Glass Fabrik à Nantes, Jérémy Maxwell Wintrebert à la Compagnie des Verriers.
Angeline a souhaité travailler sur la notion de souffle et de respiration. Son projet est d’intégrer au verre de la vie, avec l’idée de travailler sur les plantes. Ayant déjà réalisé des expériences de ce type, elle a eu envie d’aller plus loin dans ses recherches.
« Je suis inspirée par les formes du corps humain, le graphisme est important pour moi. Avec la technique des aspirés, je me rapproche des lignes, du volume. Mon projet, croisement d’organique et de végétal, consiste en créations de verre soufflé et de plantes au métabolisme particulier. »
> angelinedissoubray.wix.com/souffleuse-de-verre
« À 6 ans, à la Fête du Feu de Vannes-le-Châtel, un verrier m’a fait réaliser une main en verre sculpté, cela m’a fascinée, le verre ne m’a plus quittée ! »
Thibault Lafleuriel a réalisé des études de design, puis s’est dirigé vers le verre soufflé. Avec un CAP passé à Sarrebourg et un Brevet des Métiers d’Art en poche, comme beaucoup de verriers, il a parcouru toute la France pour parfaire sa formation auprès d’artistes et d’artisans. Il a notamment travaillé chez John A. Slatcher, un artisan du Larzac, mais aussi aux verreries de Bréhat en Bretagne, au Centre international d’art verrier (CIAV) de Meisenthal ou encore au CIRVA de Marseille. Thibault a eu l’occasion de participer à la réalisation de pièces pour des artistes contemporains comme François Azambourg, Fabien Verschaere, Françoise Petrovitch, Yves Chaudouet, Moebius, François Déraux, Zahra-Zoujaj et Damien Deroubaix.
Durant les années 2011-2012, le Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts plastiques de Marseille (CIRVA) l’a sollicité pour réaliser la série Kachina d’Ettore Sottsass, une expérience très forte de travail en équipe sur des pièces impressionnantes.
Depuis l’année 2012, Thibault participe à la création d’un atelier mobile, l’Atelier à l’Envers, proposant des événements culturels autour du verre soufflé. Il a également construit un four économique avec récupération de chaleur, qui permet de réaliser des productions d’objets contemporains présentés lors de salons, biennale et fêtes du verre dans toute la France.
Thibault Lafleuriel a désormais créé sa propre entreprise.
« PLANCTON WORK »
« J’ai toujours rêvé d’être un scientifique ! Mon univers est peuplé de symboles liés à l’enfance, au rêve et au monde fascinant des sciences. Mes idées ont pu prendre vie grâce à la liberté de formes que permet le verre. Mon projet est de travailler sur des formes organiques en suspension, inspiré par la multitude de formes et la transparence du plancton. Je recherche des formes originales, de styles et d’univers variés, qui provoquent sourire, étonnement ou invitent au voyage, à la rêverie ou la méditation. »
Avec ses créations autour de la vie subaquatique, Thibault Lafleuriel nous plonge littéralement dans le monde des abysses, mêlant peur et fascination. Sa curiosité pour cet univers aquatique ne cesse d’être renouvelée par les découvertes scientiques et l’imagerie moderne que nous offrent les expéditions récentes et l’incite à repousser sans cesse ses propres limites techniques.
« J’ai toujours rêvé d’être un scientifique ! Mon univers est peuplé de symboles liés à l’enfance, au rêve et au monde fascinant des sciences. »
Sébastien Leroy est plasticien, photographe et vidéaste. Il a étudié à l’École des Beaux-Arts de Quimper, puis à celle de Valences, et enfin à la Villa Arson à Nice.
Depuis 1996, Sébastien Leroy a participé à de nombreuses expositions, performances, interventions.
Invité en résidence à Carmaux et Lisle-sur-Tarn en 2014 à l’initiative des Abattoirs-FRAC Midi-Pyrénées, Sébastien Leroy s’est imprégné de la région du vignoble de Gaillac. Il s’est interrogé sur la culture viticole, sur les différents savoir faire du vin, les pratiques, les croyances de chacun.
Un peu trop vite, l’on pourrait dire que c’est le «hors-champs», ce laisser pour compte de l’image cinématographique – la partie que l’on a choisie de ne pas montre – qui est au centre de la série de photographie Partenaires réalisées par Sébastien Leroy en 2008. Mais à l’inverse, les publicités, les logos, de ces «partenaires» sur lesquels l’artiste focalise notre attention sont justement trop présents. Ils sont si prégnants que seuls, au centre des photographies de la série, ils indiquent que le reportage s’attache à un événement sportif, là même où aucun coureur, aucun cycliste n’est présent. Pas besoin de sport, la publicité pourrait suffire, elle ne réclame plus rien, elle a pris toute l’image depuis longtemps.
Cette idée d’une occupation du visuel, du domaine du sensible, répond chez Sébastien Leroy à celle plus physique et « terre à terre » de l’occupation de l’espace. Ainsi, si la ruralité a été ces dernières années un sujet privilégié dans son travail, ce n’est pas tant pour discourir ou témoigner à son sujet, mais bien pour trouver l’espace nécessaire à l’examen d’un discours culturel et politique qui a évacué la campagne de ses représentations. Dans Défilé, Sebastien Leroy défile au Salon de l’agriculture, à la manière d’une brave bête. Montant sur le podium des animaux à la manière d’un modèle décalé, il amplifie le cynisme sous-jacent à un tel événement, foire commerciale, événement populaire mais également « zoo ». Dans C’est dur la culture, Leroy a déplacé le langage du mécanique, de la machine, habituellement cantonné à la sphère industrielle dans le monde agricole. Une bande-son électronique accompagne trois séquences, trois temps de l’élevage bovin qui capte une chaine de production et de diffusion. L’animal et la terre y semblent définitivement confiés à un « ballet mécanique » pour reprendre le titre du célèbre film de Fernand Léger, célébration de la machine réalisée au milieu des années 1920. Près de cent ans après, c’est par un autre titre à double tranchant que l’artiste s’enquiert d’une solidarité et d’une visée commune entre l’artiste et l’agriculteur, manière de rappeler que pour tous « c’est dur la culture ».
Le souhait des Abattoirs – Frac-Midi Pyrénées d’inviter Sébastien Leroy en résidence, s’est effectué au regard de l’adéquation de son travail avec le contexte de la résidence. Plus en avant, l’artiste nous a fait part de son souhait de poursuivre son cycle ses recherches à partir d’une connaissance renouvelée et approfondie de la viticulture indépendante. Son travail, tout comme ses expériences passées de résidence et d’atelier avec des publics, appuie à notre sens ce projet.
Olivier Michelon, Directeur des Abattoirs - Frac Midi-Pyrénées
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